Les modes de fabrication et de diffusion du film NU DISPARITION s'inscrivent dans un mouvement transversal qui articule photographie, vidéo et musique. Ce projet rassemble la réalisatrice Darjeeling Bouton, la photographe Tiphaine Popesco, les compositeurs David Merlo, bassiste, et Damien Ravnich, batteur. Le fruit de cette rencontre donnera lieu à des projections en salles et festivals ainsi qu'à des ciné-concerts et des représentations strictement musicales.

 
En 2004, je fais la connaissance de Tiphaine Popesco, photographe exerçant aujourd'hui entre Paris et Londres. Ensemble, nous évoquons l'idée d'un film axé sur ce qui lie un événement de la vie de Tiphaine à sa démarche artistique. Plus tard, ma rencontre avec les musiciens et compositeurs Damien Ravnich et David Merlo donne lieu à la mise en oeuvre de performances et de vidéos multiples (Solstice, Méandres, Balles Perdues, Cailin, Unaesthetic Vertigo, Variances Invariances). Mêlant écriture et improvisation avec rigueur et souplesse, nous partageons l'intérêt d'évoluer dans un travail exploratoire guidés par l'intuition et la contrainte technique. 
 
Pour les besoins du film, David Merlo et Damien Ravnich forment un duo basse/batterie et une adaptation du quatuor à cordes « La Jeune Fille et la Mort » composé par Frantz Schubert en 1824. Cette création musicale est réalisée en lien étroit avec les images et les sons enregistrés. Le processus de réalisation permet des temps de croisement précis entre matière filmique et création musicale. En parallèle des repérages video, une première session de déchiffrage et de répétitions a permis d'instaurer les prémices d'un dialogue entre les participants ainsi qu'une familiarisation tendant vers l'appropriation de la Musique de Chambre. Une deuxième phase d'enregistrement effectuée en résidence sera menée durant la période de tournage. C'est le montage final qui permettra la rencontre physique entre les séquences filmées et la musique.

En parallèle, j'ai effectué une session de préparation avec Tiphaine Popesco., posant pour elle afin d'éprouver sa relation aux modèles et aux lieux qu'elle choisie. Puis j'ai filmé deux séances de prises de vue, l'une avec un jeune homme dans le jardin semi-abandonné d'une maison en vente, l'autre avec une jeune femme sur l'île du Frioul et ses sous-terrains. Je me suis entretenue avec la mère de Tiphaine qui a fait l'expérience de poser pour sa fille et partage cette même blessure, tenue secrète dans le film est en faisant l'objet central, en creux. J'ai procédé à des entretiens sonores enregistrés menés avec Tiphaine sur son rapport au deuil, à son travail, au corps nu, au monde de l'art et à l'argent. Quelques plans de son lieu de vie et de ses photographies ont été filmés dans son appartement, en son absence et avec son accord. Ce projet exige une collaboration étroite menée dans un rapport de réciprocité avec cette jeune femme et amie.